L'Enfant Intérieur : une métaphore thérapeutique pleine de sens

Quel intérêt ?

Les origines

De Freud à la Thérapie des Schémas en passant par l'Internal Family System, la notion de "parts de soi" est une notion ancienne en psychologie et différents courants thérapeutiques utilisent des noms différents, mais tous distinguent au moins une part jouant un rôle d'Adulte et une part, immature, plutôt Enfantine.

Cette métaphore s'enracine donc dans l'observation du fonctionnement psychique de l'être humain et est étayé par les processus neuro-biologiques de dissociation.

Une vision transdiagnostique

Les thérapie les plus modernes, telles que la Thérapie des Schémas, prennent du recul sur les approches "classiques" qui raisonnent en classifiant les souffrances psychiques et en proposant une prise en charge "par problème".

Par exemple : à une personne souffrant de burn-out, de trouble du sommeil et d'anxiété, l'approche classique proposerait 3 traitements pour ces 3 troubles.
La vision transdiagnostique cible les processus communs à ces différentes souffrances, par exemple :
  • les pensées répétitives négatives (ruminations, soucis), ici notamment la nuit ;
  • l'évitement expérientiel (qui pourrait se matérialiser dans notre exemple par une fuite des problèmes affectifs et émotionnels par un surinvestissement au travail).

Nous verrons plus bas qu'il y a également des processus psychologiques identifiés comme contribuant non seulement à la bonne santé mentale, mais également à la joie de vivre.

Une métaphore qui amène de la clarté

Dans notre exemple, ce qui se passe pourrait se traduire en termes de "parts de soi" de la façon suivante :
  • Notre Enfant Intérieur a des désirs qui nécessiteraient un changement dans notre vie.
  • Mais il a des souvenirs (d'enfance...) où l'expression de ses désirs a donné lieu à des conséquences négatives (manque d'intérêt, moqueries, punition...). Une part de nous rejoue ainsi la "morale de cette histoire" en nous décourageant d'exprimer nos désirs, nos rêves via des pensées critiques et décourageantes.
  • Notre Enfant Intérieur a donc peur, et se sent mis de côté, c'est sa facette "Enfant Vulnérable".
  • Le fait que cette part soit mise de côté crée un vide affectif, parfois ressenti physiquement.
  • Cela crée également une tension entre ces deux aspects de nous : la part désirante et la part qui se dit que ça n'est pas raisonnable, que c'est risqué. Là aussi ce conflit interne se traduit par des tensions physiques autant que psychologiques.
  • Souvent pour atténuer ce conflit interne, nous optons pour des stratégies d'apaisement et d'évitement. Le surinvestissement dans le travail est un exemple classique et fortement encouragé par notre société.
Le but d'un travail sur soi dans ce type de cas de figure consiste à aider notre cerveau à intégrer nos souvenirs douloureux comme étant des expériences liées à un contexte spécifique du passé et à identifier nos besoins qui ont été mis de côté, les parts de nous qui n'ont pas pu "grandir" faute d'un environnement suffisamment "secure" et chaleureux".

Même si notre enfance a entièrement été faite de douleurs, nous pouvons apprendre à développer les ressources pour "faire alliance" avec notre Enfant Intérieur et reprendre son développement là où il s'était arrêté, mais de façon accélérée. Une fois cette alliance faite, il est beaucoup plus simple de délaisser nos vieilles routines sources de souffrances.

Comment opérer ce changement ?

Bien qu'il n'y ait pas une réponse unique, il y a des ingrédients qui permettent plus facilement à chacun·e de concocter sa "potion magique du changement" avec un dosage sur-mesure.

Apprendre à développer ses ressources

Supprimer les souffrances de notre vie, lorsque c'est possible, est une chose nécessaire. Et c'est souvent le réflexe que nous avons, autant en tant que patients ou que thérapeutes : se focaliser sur "le problème" pour le faire disparaître. Mais cela ne suffit pas à nous donner une vie pleine de sens. La bonne santé n'est pas que l'absence de maladie... Des fois notre focalisation sur nos problèmes est tellement forte que c'est comme si notre vie se réduisait à eux... c'est ce qu'on appelle l'effet tunnel.

En dehors des situations de souffrance aigüe qui nécessitent en effet en priorité de diminuer ce qui crée cette douleur aigüe, il est précieux d'apprendre à développer nos compétences pour prendre soin de nos besoins et agir selon nos valeurs.

Ces ingrédients clés sont en lien avec les "qualités" de notre Enfant Intérieur dans sa composante joyeuse, appelée l'Enfant Heureux :
  • la spontanéité,
  • la curiosité,
  • l'enthousiasme,
  • le jeu.
Pour que ces qualités puissent s'exprimer et se développer, une part de nous, nommée "Adulte Sain" en Thérapie des Schémas, a besoin de créer un cadre sécurisant. Souvent ce rôle est joué transitoirement par le ou les thérapeutes pour donner au patient un modèle de cadre qui sera intégré progressivement par la personne.

Ce cadre sécurisant peut soit être celui d'une consultation individuelle "classique", en présentiel ou à distance, soit celui d'un travail de groupe, là aussi en présentiel ou distanciel.
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